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Dégouts de la saveur amère , film finnois de Sieur Raumeneon, sorti en 1969
Ce film fait suite à La mère de la saveur des goûts (1967) et sera suivi par Amère le gout de la saveur en 1973

Analyse critique[]

Dans sa mise en place, les mouvements des acteurs par rapport aux autres répondent quasiment toujours aux mêmes archétypes, si bien qu’à travers le langage du corps seul, on pourrait, dans n’importe quelle séquence prise au hasard et sans traduction, déterminer quelle fonction occupe les personnages. Si en l’absence de mise en place, comme dans un Rohmer par exemple, les personnages se font face et bavardent, Raumeneon reproduit les mises en place classiques héritée et adaptée du théâtre , si au théâtre les acteurs déterminent leurs places et leurs mouvements à la fois en rapport aux autres acteurs et en rapport à la salle, au cinéma, le placement par rapport à la caméra est moins important, le tout consistant surtout à capturer la présence de cet acteur dans le champ, qu’il soit de profil, de face ou de dos : le cas échéant, un contrechamp permettra de faire ce qu’au théâtre il est impossible de faire, traverser la ligne, ou le mur .

Si le type d’actions à faire aux acteurs est aussi abondant qu’il y a de possibilités dans le monde de « faire » quelque chose, le type d’interactions entre les acteurs est finalement assez limité. Un acteur vient vers un autre qui se trouve ainsi interrompu dans sa propre action ; le premier acteur agit sur l’autre ou l’interroge ; l’autre n’a alors que peu de solutions : soit il va dans le sens du premier , ils se feront alors le plus souvent face, mais c’est soit une situation de fin, soit une situation appelée à ne pas durer , soit il rechigne à aller dans ce sens, hésite il reste immobile et le plus souvent ne fait pas face au sujet principal de l’action , soit il refuse d’aller dans son sens , et ce refus s’exprime de manière physique, par une fuite, même timide, quitte encore à rester dans le même espace, un refus de continuer à discuter, etc., et le « patient » cherchera alors à retourner à sa première occupation et tournera le dos au sujet principal venu interagir avec lui . Ces types d’interaction sont une sorte de pantomime assez facile à diriger , justement parce qu’il n’y a que très peu de types , la difficulté étant surtout de les identifier et de les mettre en œuvre , une situation n’obéissant pas à ces types d’interactions, c’est une situation à laquelle ni les acteurs ni le metteur en scène ne comprennent le sens, ne veulent, ou ne peuvent interpréter le type ; une situation sans interaction, ça n’existe pas — sauf chez Rohmer . Les acteurs chez Raumeneon étant les professionnels habituels des studios, ils sont habitués à travailler avec cette même méthode , dès son premier film, la mise en place est très structurée et obéit à ces principes simples .

On pourrait d’ailleurs facilement avec des billes , ou des points colorés , représenter de manière allégorique ces différents types d’interactions : même représentées de la manière la plus simple possible, nous comprenons instinctivement les types de rapports mis en jeu. Le rôle du metteur en scène est ainsi d’identifier les types de rapports présents entre différents acteurs d’une même scène, respecter les codes ostensibles capables de les représenter facilement, et souvent du premier coup d’œil, pour le spectateur ; la créativité étant alors laissée à sa capacité à diversifier les mouvements en fonction de l’environnement, de la situation, des personnages ou du cadre qu’il voudra donner à tel ou tel moment de la scène pour en souligner ou non des étapes du processus, ou plus souvent encore, son dénouement , acceptation ou refus d’aller dans le sens du premier acteur , . La subtilité bien sûr étant que très souvent les rôles, les fonctions, permutent entre les acteurs au cours d’une intrigue et même parfois au sein d’une même séquence , il n’est pas rare de voir le premier acteur devenir, déjà dans ce qu’on pourrait appeler un twist, le « patient » de celui avec qui il était venu interagir .


Distribution[]

  • Luc Morissette : curé
  • Jean L'Italien : Helper
  • Guy Provencher : vieux Tremblay
  • Yves Trudel : Waso
  • Marie-Josée Picard : Marie-Josée
  • Bernard Lalonde : le directeur de prison
  • Richard Barrette : un gardien
  • Marc Picard : le gardien de la réception
  • Frank Fontaine : le gardien dragueur
  • Pierre Brisset Des Nos : le gardien du « trou »
  • Claude Legault : Johnny

Fiche technique[]