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Innocence ( イノセンス, Inosensu ) est un film d'animation de Mamoru Oshii, sorti en 2004, il s'agit d'une séquelle plus que d'une suite de Ghost in the Shell sorti en 1995.

Innocence faisait partie de la sélection officielle du Festival de Cannes 2004.

L'appellation Ghost in the Shell 2 a été opérée pour des raisons commerciales lors de la distribution américaine du film en référence au premier opus.

Synopsis[]

Innocence débute par une citation de l'Ève Future de Auguste de Villiers de l'Isle-Adam (1886):

« Si nos dieux et nos espoirs ne sont rien d'autre que des phénomènes scientifiques, alors notre amour est également scientifique. »

Batou est un cyborg vivant, véritable Rambo androïde, appartenant à l'unité d'élite de la section 9 (anti-terrorisme) œuvrant pour le gouvernement. Il ne peut se défaire du souvenir d'une femme cyborg qu'il a jadis aimée, le major Motoko Kusanagi, disparue dans la matrice, le réseau des réseaux. Épaulé par son partenaire humain Togusa, il va lui falloir déjouer un complot cybernétique. Des gynoïdes (androïdes à apparence féminine), servant à assouvir les plaisirs sexuels humains, avatars cybernétiques des poupées gonflables, massacrent leurs acquéreurs avant de se suicider (de s'autodédruire).

Batou est accompagné de la pensée (du ghost) du major Kusanagi, son ange gardien comme il dit ; ou plutôt de l'être issu de la fusion de la conscience du major et du Puppet Master, un programme informatique (connu sous le nom de « projet 2501 ») et agent intelligent autonome né de l'océan de l'information, susceptible de s'incarner dans un corps et qui a échappé à ses concepteurs (voir Ghost in the Shell ).

Batou et Togusa vont alors enquêter dans des milieux terroristes et mafieux pour découvrir qui tire les ficelles et manipule les esprits, afin de connaître le secret de fabrication et le principe vital qui anime ces gynoïdes tueuses. Ils vont se retrouver dans une espèce de musée de l'automate, ou autrement dit un muséum de la « vie artificielle », pendant du muséum d'histoire naturelle de Ghost in the Shell. Il va finalement découvrir le secret sur un bateau surarmé qui croise au large dans les eaux internationales et qui sert d'usine de fabrication, en pénétrant grâce à son ange gardien le système informatique surprotégé.


Critique[]

Le nom de l'usine impliquée dans ce complot est « Locus Solus », en référence au titre d'un livre de l'écrivain français Raymond Roussel. Un autre de ses livres s'appelle L'étoile au front, ce qui n'est pas sans rappeler le mythe du Golem, qu'une formule inscrite sur le front permet d'animer. Il en est justement question dans ce film. L'Ève future de Mathias Villiers de l'Isle-Adam, les poupées d'Hans Bellmer et les automates de Vaucanson sont évoqués, comme l'est aussi le souci de l'humain de fabriquer une créature à son image se prenant pour un dieu. Lectisterne ou statue animée ?

Roussel est un inspirateur de l'Oulipo (fondé par Raymond Queneau), et l'on peut se demander si Mamoru Oshii ne pratique pas une sorte d'Oucipo, une des variantes cinématograpique de l'Oulipo, dans une des séquences qui reprend l'histoire, à partir d'un instant précédent, selon des variantes différentes. Cette séquence montre des hallucinations de Togusa connecté à une machine et qui revit des évènements selon des combinaisons différentes. Délivré de cette simulation ou jeu par Batou, celui-ci nous dit qu'il s'est perdu dans les labyrinthes de son esprit. Il est question ici de virtualité et de réalité et de sa perception. Ce thème était déjà présent dans le film Avalon du même réalisateur qui explorait l'univers du jeu en ligne.

Un Oulipien se définit lui même par l'expression suivante : c'est « un rat qui construit lui-même le labyrinthe dont il se propose de sortir ».

Ces dernières remarques ne résument pas toute la richesse et la complexité du film, qui reprend les thèmes abordés lors du premier épisode, comme la réalité, l'arbre de l'évolution, la course aux armements, la mémoire, la conscience ou le reflet de son image dans un miroir, mais y rajoute des préoccupations sur les états d'âmes des cyborgs et poupées ou autres pantins et marionnettes qui se sentent rejetés après usage et obsolescence par leurs utilisateurs humains. (Image du sacrifice des marionnettes à la fin d'un carnaval asiatique, ressemblant au sacrifice d'enfants innocents à quelques Molochs, comme par exemple dans le Salammbô de Flaubert ou le Metropolis de Fritz Lang).

Metropolis, dans lequel on voit également un robot à l'image d'une femme, est évoqué implicitement lorsque l'on voit l'avion à décollage/atterrissage vertical atterrir sur le toit d'un immeuble ; l'angle de vue est similaire à une image de Metropolis, reprise également par Ridley Scott dans Blade Runner).

Les rapports ambigus entre humains, cyborgs ou jouets et animaux sont abordés, le même chien (un basset hound si cher à l'auteur) que dans Avalon est très présent (on le voit également de manière plus discrète dans Patlabor 2 et Ghost in the shell). On peut y voir une référence au livre Do Androïds Dream of Electric Sheep ? - Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? (Blade Runner) de Philip K. Dick, où suite à la disparition des animaux sur Terre, les humains s'attachent à des simulacres d'animaux domestiques. La troisième loi de la robotique d'Isaac Asimov est également littéralement reprise par un robot.

Le film est ainsi parsemé de références visuelles parfois religieuses et de citations de Platon, Descartes, John Milton, Nicolas Gogol, La Mettrie (auteur de L'homme machine), Confucius, la Bible, Bouddha,..., voire aussi de considérations Nitzschéennes comme « humains trop humains » ou « cyborgs trop cyborgs ». Sans parler des réflexions sur le cyberféminisme d'une Donna Haraway ou celles postmodernistes des cyberpunks et des transhumanistes (William Bainbridge, Ray Kurzweil, Hans Moravec, Kevin Warwick, Steve Mann ...)

Servi par des images et un graphisme remarquables et des techniques numériques mélangeant avec finesse l'animation 2D traditionnelle avec les plus récentes technologies 3D, ainsi que par l'entraînante et remarquable musique du compositeur Kenji Kawai, ce film apparaît plus sombre, plus épiméthéen et plus désenchanté vis à vis des promesses prométhéennes de la technique ou de l'évolution de la conscience qu'avait suscité son illustre prédécesseur, Ghost in the Shell.

Mamoru Oshii fait implicitement référence à Jean-Luc Godard en indiquant qu'il a voulu mêler images et références culturelles pour accroître la richesse des interprétations laissées au spectateur.

L'innocence est-elle en définitive représentée par les poupées, les enfants ou les animaux ? Sûrement les trois nous suggère Mamoru Oshii pour qui l'esprit humain imprègne jusqu'à nos objets les plus intimes.

Fiche technique[]

  • Titre original : (Inosensu, イノセンス)
  • Studio : Production I.G
  • Réalisation et scénario : Mamoru Oshii
  • Design des personnages : Hiroyuki Okiura
  • Musique originale : Kenji Kawai
  • Durée : 99 minutes
  • Dates de sortie : 6 mars 2004 (Japon) , 20 mai 2004 (Cannes)

Distribution vocale (Version originale)[]

  • Atsuko Tanaka:Major Motoko Kusanagi
  • Akio Ōtsuka: Batou
  • Tamio Ōki: Daisuke Aramaki
  • Kōichi Yamadera: Togusa
  • Yutaka Nakano: Ishikawa



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