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Jean Cocteau, né le 5 juillet 1889 à Maisons-Laffitte, mort le 11 octobre 1963 à Milly-la-Forêt, est un poète français, artiste aux multiples talents, graphiste, dessinateur, auteur de théâtre, mais aussi cinéaste. Il fut élève au Lycée Condorcet et fut élu à l'Académie française en 1955. Il compte parmi les artistes qui ont marqué leur époque.

Il côtoya la plupart des artistes qui animèrent la vie artistique de son époque. Il eut une relation durable tant amoureuse que professionnelle avec l'acteur Jean Marais. Il était également un ami personnel de la reine Élisabeth de Belgique, une grande passionnée de culture et de musique.

Jeunes années[]

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Le programme du ballet « Parade » en 1920

Jean Cocteau est né à Maisons-Laffitte dans une famille bourgeoise de Paris. Son père, avocat et peintre amateur, se suicida lorsque Cocteau avait neuf ans. Dès l'âge de quinze ans, Cocteau quitte le cocon familial. Il ne manifeste que peu d'intérêt pour les études et n'obtiendra pas son baccalauréat. En dépit de ses œuvres littéraires et de ses talents artistiques, Cocteau insistait sur le fait qu'il était avant tout un poète et que tout travail était poétique. Il publie son premier livre de poèmes, « La Lampe d'Aladin », à 19 ans. Cocteau devint alors connu dans les cercles artistiques bohémiens comme le 'prince frivole'. C'est sous ce titre qu'il publiera à 21 ans, en 1910, son second recueil de poèmes. Edith Wharton le décrit comme un homme pour qui « chaque grande ligne de la poésie était un lever de soleil, chaque coucher du soleil la base de la ville merveilleuse... ».

Dans les années 1920, Cocteau s'associe avec Marcel Proust, André Gide et Maurice Barrès. Il est également fasciné par le maître des ballets russes, Serge de Diaghilev. De sa collaboration avec l'artiste russe nait « Parade », ballet produit en 1917 par Diaghilev, avec des décors de Pablo Picasso et une musique composée par Erik Satie. Cette œuvre va inspirer à Apollinaire le néologisme de surréalisme, repris ensuite par André Breton et Philippe Soupault pour la création du mouvement culturel que l'on sait. Cocteau a une grande influence sur le travail des autres, dans le groupe même composé par ses amis : « Les Six ».

Amitié puis amour avec Raymond Radiguet[]

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Raymond Radiguet en 1920 par Picasso

En 1918, il rencontre le poète Raymond Radiguet. Les deux collaborateurs entreprirent beaucoup de voyages ensemble, Cocteau étant exempté du service militaire. En admiration devant le grand travail littéraire de Radiguet, Cocteau promut les travaux de son ami dans son cercle artistique et s'arrangea pour faire publier par Grasset Le Diable au corps (une histoire en grande partie autobiographique sur le rapport adultère entre une femme mariée et un homme plus jeune), exerçant son influence pour recueillir le prix littéraire du "Nouveau Monde" pour le roman.

La réaction de Cocteau à la mort soudaine de Radiguet en 1923 crée un désaccord avec certains proches qui déclarent qu'il l'a laissé désespéré, découragé et en proie à l'opium. Cocteau, ajoute-t-on, n'a même pas assisté à l'enterrement. Mais Cocteau n'assiste généralement pas aux enterrements. L'auteur quitte alors aussitôt Paris avec Diaghilev pour une représentation de "les Noces" par les ballets russes à Monte Carlo. Cocteau lui-même qualifia beaucoup plus tard sa réaction comme une "réaction de stupeur et de dégoût". Son penchant pour l'opium à cette époque-là, Cocteau l'explique comme un simple hasard lié à la liaison fortuite qu'il avait entretenue avec Louis Laloy, le directeur de l'opéra de Monte Carlo. La dépendance de Cocteau envers l'opium et ses efforts pour s'arrêter ont profondément changé son modèle littéraire. Son livre le plus notable, Les Enfants Terribles, a été écrit en une semaine lors de son laborieux sevrage.

On a suggéré que l'amitié de Cocteau avec Radiguet a en fait été une liaison amoureuse, intense et souvent orageuse, mais aucune preuve ne permet de le justifier.

Maturité[]

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Jean Marais en 1949

Dans les années 1930, Cocteau aurait eu une liaison avec la princesse Nathalie Paley, la belle-fille d'un Romanov, elle-même modiste, actrice ou modèle et ancienne épouse du couturier Lucien Lelong. Elle tomba enceinte, mais la grossesse ne put être menée à son terme, ce qui plongea Cocteau et Paley dans un profond désarroi. Cocteau entretint ensuite une relation sentimentale de longue durée avec deux acteurs français, Jean Marais et Edouard Dermit, ce dernier officiellement adopté par Cocteau. On suppose également que Cocteau aurait entretenu une relation avec Panama Al Brown, un boxeur dont il prit en charge la carrière à un moment donné.

En 1940, Le Bel Indifférent, une pièce de Cocteau écrite pour Édith Piaf, fut un énorme succès. Il travailla également avec Picasso sur plusieurs projets, fut l'ami de la majeure partie de la communauté européenne des artistes et lutta contre son penchant pour l'opium durant la plus grande partie de sa vie d'adulte. Alors qu'il était ouvertement homosexuel, il eut quelques aventures brèves et compliquées avec des femmes. Son travail recèle de nombreuses critiques contre l'homophobie. Jean Cocteau eût un rôle ambigu durant la deuxième guerre mondiale, les résistants l'accusent de collaboration avec les Allemands, une partie de son passé (1939-1944) reste mystérieux.[1]

Cocteau est d'ordinaire assez réservé quant à l'affirmation de son engagement politique. Pendant l'Occupation, il fait montre d'un certain pacifisme ("L'honneur de la France, écrit-il dans son Journal du 5 mai 1942, sera peut-être, un jour, d'avoir refusé de se battre"), mais surtout, il n'hésite pas à accueillir Arno Breker, sculpteur officiel du Reich, lors de son exposition à Paris en été 1942. "L'Allemagne nazie n'est pas non plus sans le séduire, surtout son chef, dont il se fait une représentation qu'il faut placer au musée des Hitler imaginaires. (...) Il est fasciné par l'idée du chef-artiste, politique tout-puissant en même temps que mécène et protecteur des arts, à la fois Napoléon et poète ("Chez Hitler, c'est le poète qui échappait à ces âmes de pions", écrit il en parlant des dirigeants français de l'avant-guerre)." Il faut dire qu'en 1941, la décision, par le préfet de police, d'interdire sa Machine à écrire avait été annulée par la Propaganda Abteilung, soucieuse de ne pas trop museler la muse française. Reste qu'à la Libération, il est rapidement acquitté par le Comité national du cinéma et le Comité national des écrivains, comités d'épuration devant lesquels il comparaissait pour collaboration.

Les films de Cocteau, dont il a écrit et dirigé la majeure partie, furent particulièrement importants dans la mesure où ils introduisirent le surréalisme dans le cinéma français et influencèrent, dans une certaine mesure, le genre français de la Nouvelle Vague.

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Chapelle Sainte-Blaise des Simples de Milly-la-Forêt, où est enterré Jean Cocteau

Quelques immenses succès firent passer pour toujours Cocteau à la postérité : Les Enfants terribles (roman), Les Parents terribles (pièce de théâtre de 1929), La Belle et la Bête (film de 1946). En 1960, l'artiste tourne Le Testament d'Orphée avec l'aide financière de François Truffaut.

En apprenant le décès de son amie Édith Piaf, Cocteau est pris d'une crise d'étouffement. Il succombera quelques heures plus tard d’une crise cardiaque dans sa demeure de Milly-la-Forêt le 11 octobre 1963 à 74 ans. Il est enterré dans la Chapelle Saint-Blaise-des-Simples à Milly-la-Forêt dans l'Essonne. Sur sa tombe, on peut lire l'épitaphe suivante : Je reste avec vous.

Récompenses et distinctions[]

En 1955, Cocteau était membre de l'Académie française et de l'Académie royale de Belgique.

Dans sa vie, Cocteau fut commandeur de la Légion d'honneur, membre de l'Académie Mallarmé, de l'Académie allemande, de l'American Academy, de la Mark Twain Academy, président d'honneur du Festival du film de Cannes, président d'honneur de l'Association France-Hongrie, Président de l'Académie du jazz et de l'Académie du Disque.

Œuvres littéraires[]

Poésie
  • 1909 La Lampe d'Aladin
  • 1910 Le Prince frivole
  • 1912 La Danse de Sophocle
  • 1919 Ode à Picasso - Le Cap de Bonne-Espérance
  • 1920 Escale. Poésies (1917-1920)
  • 1922 Vocabulaire
  • 1923 La Rose de François - Plain-Chant
  • 1925 Cri écrit
  • 1926 L'Ange Heurtebise
  • 1927 Opéra
  • 1934 Mythologie
  • 1939 Énigmes
  • 1941 Allégories
  • 1945 Léone
  • 1946 La Crucifixion
  • 1948 Poèmes
  • 1952 Le Chiffre sept - La Nappe du Catalan (en collaboration avec Georges Hugnet)
  • 1953 Dentelles d'éternité - Appoggiatures
  • 1954 Clair-obscur
  • 1958 Paraprosodies
  • 1961 Cérémonial espagnol du Phénix - La Partie d'échecs
  • 1962 Le Requiem
  • 1968 Faire-Part (posthume)
Romans
  • 1919 Le Potomak (édition définitive : 1924)
  • 1923 Le Grand écart - Thomas l'imposteur
  • 1928 Le Livre blanc
  • 1929 Les Enfants terribles
  • 1940 La Fin du Potomak
Théâtre
  • 1917 Parade, ballet (musique d'Erik Satie, chorégraphie de Léonide Massine)
  • 1921 Les Mariés de la tour Eiffel (musique de Georges Auric, Arthur Honegger, Darius Milhaud, Francis Poulenc et Germaine Tailleferre)
  • 1922 Antigone
  • 1924 Roméo et Juliette
  • 1934 La Machine infernale
  • 1936 L'École des veuves
  • 1937 Œdipe-roi. Les Chevaliers de la Table ronde
  • 1938 Les Parents terribles
  • 1940 Les Monstres sacrés
  • 1941 La Machine à écrire
  • 1943 Renaud et Armide. L'Épouse injustement soupçonnée
  • 1944 L'Aigle à deux têtes
  • 1946 Le Jeune Homme et la Mort, ballet de Roland Petit
  • 1948 Théâtre I et II
  • 1960 Nouveau théâtre de poche
  • 1962 L'Impromptu du Palais-Royal
  • 1971 Le Gendarme incompris (posthume, en collaboration avec Raymond Radiguet)
Poésie et critique
  • 1918 Le Coq et l'Arlequin
  • 1920 Carte blanche
  • 1922 Le Secret professionnel
  • 1926 Le Rappel à l'ordre - Lettre à Jacques Maritain
  • 1930 Opium
  • 1932 Essai de critique indirecte
  • 1935 Portraits-Souvenir
  • 1937 Mon Premier voyage (Tour du monde en 80 jours)
  • 1943 Le Greco
  • 1947 Le Foyer des artistes - La Difficulté d'être
  • 1949 Lettres aux Américains - Reines de la France
  • 1951 Jean Marais - Entretiens autour du cinématographe (avec André Fraigneau)
  • 1952 Gide vivant
  • 1953 Journal d'un inconnu. Démarche d'un poète
  • 1955 Colette (discours de réception à l'Académie royale de Belgique) - Discours de réception à l'Académie française
  • 1956 Discours d'Oxford
  • 1957 Entretiens sur le musée de Dresde (avec Louis Aragon) - La Corrida du 1er mai
  • 1959 Poésie critique I
  • 1960 Poésie critique II
  • 1962 Le Cordon ombilical
  • 1963 La Comtesse de Noailles, oui et non
  • 1964 Portrait souvenir (posthume ; entretien avec Roger Stéphane)
  • 1965 Entretiens avec André Fraigneau (posthume)
  • 1973 Jean Cocteau par Jean Cocteau (posthume ; entretiens avec William Fielfield)
  • 1973 Du cinématographe (posthume). Entretiens sur le cinématographe (posthume)
Poésie de journalisme
  • 1935-1938 (posthume)

Œuvres cinématographiques[]

Fichier:Autoportrait Cocteau.jpg

Autoportrait de Jean Cocteau à en-tête de Santo-Sospir, daté du 4 septembre 1959 avec texte manuscrit où Cocteau dédie au sculpteur Jacques Gestalder son film Le Testament d’Orphée. Cet autoportrait apparaît au début du film tracé sur une vitre par Jean Cocteau. Retranscription du texte manuscrit : Moi aussi mon cher Gestalder je suis seul au monde et je le serai encore davantage le 7 où je commence « un film pour personne », si pour vous. Je vous embrasse. Jean Cocteau

Réalisateur
  • 1925 : Jean Cocteau fait du cinéma
  • 1930 : Le Sang d'un poète
  • 1946 : La Belle et la Bête
  • 1948 : L'Aigle à deux têtes
  • 1948 : Les Parents terribles
  • 1950 : Orphée
  • 1952 : La Villa Santo-Sospir
  • 1955 : L'Amour sous l'électrode
  • 1957 : 8 X 8: A Chess Sonata in 8 Movements
  • 1960 : Le Testament d'Orphée
Scénariste
Directeur de la photographie
  • 1950 : Un chant d'amour réalisé par Jean Genet

Poésies graphiques[]

  • 1924 : Dessins
  • 1925 : Le Mystère de Jean l'oiseleur
  • 1926 : Maison de santé
  • 1929 : 25 dessins d'un dormeur
  • 1935 : Soixante dessins pour [Les Enfants terribles]
  • 1941 : Dessins en marge du texte des Chevaliers de la Table ronde
  • 1948 : Drôle de ménage
  • 1957 : La Chapelle Saint-Pierre, Villefranche-sur-Mer
  • 1958 : La Salle des mariages, hôtel de ville de Menton - La Chapelle Saint-Pierre (lithographies)
  • 1959 : Gondol des morts
  • 1960 : Chapelle Saint-Blaise-des-Simples, Milly-la-Forêt
  • Années 1960 : Vitraux de l'Église Saint-Maximin de Metz

Journaux[]

  • 1946 La Belle et la Bête (journal du film)
  • 1949 Maalesh (journal d'une tournée de théâtre)
  • 1983 Le Passé défini (posthume)
  • 1989 Journal, 1942-1945

Timbre postal[]

  • Marianne de Cocteau, 1960

Ouvrages sur Jean Cocteau[]

  • Claude Arnaud, Jean Cocteau
  • Marie Jemma-Jejcic, Jean Cocteau ou l'énigme du désir. Ce que le poète apprend au psychanalyste, Editions Eres, 2006, 304 p. - ISBN 2-7492-0615-4
  • Monique Lange, Cocteau Prince sans royaume
  • André Fraigneau, Cocteau
  • Jean Marais, Histoires de ma vie
  • Jean Marais, l'Inconcevable Jean Cocteau
  • Nicole Vaillant Dubus, À toi, Jean Cocteau : poète de l'Europe. Colomars : Mélis éditeur, coll. « Lettre à... », 2003. 32 p., 21 cm. – ISBN 2-914333-51-X
  • Ahmed Youssef, Cocteau l'Egyptien, La tentation orientale de Jean Cocteau, Monaco, Editions du Rocher, 2001, 192p.

Avis[]

  • Saïd Taghmaoui (1998) : « Il a la grâce, le cynisme et l'intelligence de tirer les choses vers lui sans les briser, tout en les froissant; comme les philosophes arabes. Il fait une boucle sur lui-même, plus vite que les autres, et puis une boucle pour le plaisir de narguer ceux qu'il a dépassés. »

Musée[]

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Bronze de Jean Cocteau par le sculpteur Jacques Gestalder. Ce bronze est érigé au musée Jean Cocteau à Menton depuis octobre 1969

Plus de 1 500 œuvres représentant 7,5 millions d'euros ont été offertes à la ville de Menton par le collectionneur américain Severin Wunderman. La ville qui abrite déjà le musée Jean Cocteau compte ouvrir un musée dédié à l'artiste. Il a dessiné les murs de la villa Santo Sospir où il passait ses vacances à Saint-Jean-Cap-Ferrat ainsi que la Chapelle des marins de Villefranche-sur-Mer.

Voir aussi[]

Notes & Sources[]

  1. Emmanuelle Retaillaud-Bajac, "Les démons de Jean Cocteau", Magazine L'Histoire, n° 279, Septembre 2003.

Articles connexes[]


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