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L'une chante, l'autre pas , film français de Agnès Varda, sorti en 1977

Analyse critique[]

Pauline, étudiante de 17 ans, souhaite quitter sa famille pour devenir chanteuse. Intéressée par une exposition de photographies représentant des femmes qu'elle trouve trop tristes, elle reconnaît l'un des modèles, Suzanne, qui, avec Jérôme, le photographe, a eu deux enfants. Les deux femmes se lient. Suzanne, de nouveau enceinte, peine à s'occuper de ses enfants, par manque d'argent ; pour l'aider à avorter, Pauline obtient de l'argent de ses parents sur un mensonge. Lorsque ceux-ci découvrent la supercherie, elle décide de les quitter et se lance dans la chanson.

Jérôme, qui ne parvient pas à trouver sa voie dans la photographie, se pend dans son atelier et Suzanne revient dans la ferme de ses parents près de Soissons.

Les deux jeunes femmes se retrouvent par hasard dix ans plus tard, en 1972, Pauline, qui se fait appeler Pomme, chantant pour les droits des femmes devant le tribunal de Bobigny (Le procès de Bobigny s'est tenu en octobre et novembre 1972 à Bobigny. Cinq femmes y furent jugées : une jeune femme mineure , qui avait avorté après un viol, et quatre femmes majeures, dont sa mère, pour complicité ou pratique de l'avortement. Ce procès, dont la défense fut assurée par l'avocate Gisèle Halimi, eut un énorme retentissement et contribua à l'évolution vers la dépénalisation de l'interruption volontaire de grossesse en France)

Suzanne, après des années difficiles à la ferme, a trouvé un travail à Hyères, dans une piscine et au Planning familial. Pomme chante un répertoire féministe avec un petit groupe. Elle a rencontré un Iranien, Darius, en allant avorter à Amsterdam. Suzanne reste seule en élevant sa fille et son fils. Elle a des liaisons, mais refuse de s'engager avec un pédiatre parce qu'il est marié.

Pomme suit son compagnon en Iran, où elle l'épouse. Elle continue à échanger avec Suzanne par cartes postales. Enceinte, Pomme comprend alors que le pays ne lui convient pas et décide de revenir accoucher en France. Logée par Suzanne, elle se querelle avec Darius qui veut ramener le bébé en Iran où elle refuse de repartir. Ils trouvent un accord en faisant un second enfant : un pour chacun. Pomme reforme son groupe de chanteuses et part en tournée. Les chansons reflètent sa vie.

Le pédiatre ayant divorcé, Suzanne accepte de l'épouser tandis que Pomme donne naissance à une fille à qui elle donne le prénom de son amie. Elles se retrouvent quelques années plus tard avec leurs amis et enfants. La voix off dit que toutes deux ont lutté et peuvent servir d'exemple à d'autres femmes telles que Marie, la fille de Suzanne qui a désormais 17 ans à son tour.

Sorti en 1977, deux ans après la loi Veil sur la légalisation de l’IVG en France, ce film s’est construit autour de cette étape majeure dans l’histoire de la condition féminine. De 1960 à 1975, des avortements clandestins au développement du planning familial, à travers la vie de deux jeunes femmes : Pomme et son amie Suzanne, l’une est « fille-mère », l’autre pas, mais chacune souffre, aime, se bat, et apprend à réinventer sa place dans la société. À travers elles, ensemble ou séparées, mais toujours solidaires, la réalisatrice incarne la vérité d’une époque et d’une quête de liberté, entre fiction poétique et réalisme quasi documentaire.

Agnès Varda déploie un récit elliptique, toujours en mouvement, et sculpte ses plans, discrètement ornementés, dans un mélange de fixité du cadre et de mouvement des corps, où l’on reconnaît en permanence sa première vocation de photographe. La beauté du film tient à la constance de son regard, sachant dépasser l’exposé politique pour décrire le cours accidenté de la vie, des années qui passent, et ainsi l’y prolonger. Ses dernières images sont consacrées aux enfants, à ces filles qui devront un jour reprendre la lutte au point où leurs mères l’ont menée. Ce jeu des destins croisés est aussi une pimpante comédie musicale, blouse paysanne brodée et bouclettes folles, Pomme pousse la chansonnette engagée, et il suffit de bien écouter les paroles (« Ni fétiche, ni potiche, ni boniche »…) pour constater que l’essentiel est toujours d’une actualité cruciale.

Distribution[]

  • Thérèse Liotard : Suzanne
  • Valérie Mairesse : Pomme (Pauline)
  • Ali Raffi : Darius, l'Iranien qui épouse Pomme
  • Jean-Pierre Pellegrin : le docteur Pierre Aubanel

Fiche technique[]

  • Réalisation et scènario : Agnès Varda
  • Montage : Joële van Effenterre
  • Photographie : Charles Van Damme
  • Musique : François Wertheimer
  • Musique additionnelle : Orchidée (Doudou Greffier, Joëlle Papineau et Micou Papineau)
  • Paroles des chansons : Agnès Varda
  • Sociétés de production : Ciné Tamaris, INLC, INA, Paradise Group, Population et SFP
  • Durée : 120 minutes
  • Date de sorties : 9 mars 1977


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