Le Dernier métro est un film français réalisé par François Truffaut sorti en 1980.
Synopsis[]
En 1942, pendant l'occupation allemande de la Seconde Guerre mondiale, Lucas Steiner, directeur juif du théâtre Montmartre est obligé de diriger ses acteurs en se cachant dans la cave. Sa femme Marion l'aide à faire le lien avec l'extérieur.
Avant de rejoindre sa cachette, dans la cave du théâtre, il a laissé une pièce et toutes les indications de mise en scène qui serviront à Jean-Loup Cottins, un ami metteur en scène. Marion Steiner a donc la responsabilité de la salle de spectacle et, afin d'éviter la réquisition du local par les forces occupantes, elle monte une pièce soi-disant norvégienne, "La disparue", en fait, une œuvre de Lucas, épaulée par Jean-Loup et secondée efficacement par son mari, qu'elle cache secrètement dans les caves du théâtre.
Un nouveau comédien transfuge du Grand Guignol est engagé : Bernard Granger. Un critique collaborateur, Daxiat, vient flairer autour du théâtre. Jean-Loup obtient de Marion qu'elle soit polie avec lui. Écoutant les répétitions par une bouche d'aération, Lucas parvient à corriger la mise en scène. La générale de la pièce est un triomphe. Marion résiste aux avances de Bernard. Lorsque la Gestapo vient perquisitionner, Bernard comprend que Lucas est dans la cave et l'aide à se cacher. Après avoir avoué son amour à Marion, il quitte le couple. Après la guerre nous retrouvons Bernard dans un hôpital, conversant avec Marion. Le rideau se baisse : il s'agit d'une scène de théâtre, et la jeune femme, en compagnie de Lucas et Bernard, vient saluer le public.
Critique[]
Le Dernier Métro est sorti en 1980 et est réalisé par François Truffaut. Il met en scène la vie d’un théâtre parisien durant l’occupation, en 1942. On y suit Marion (Catherine Deneuve), une comédienne obligée d’endosser le rôle de son mari, metteur en scène et directeur du théâtre, afin de mettre sur pied une pièce capitale pour la survie du lieu. Cette obligation vient du fait que Lucas, son mari, est juif et que tout le monde croit en la fuite de l’occupant allemand. En fait, il est caché au sous-sol, et entend grâce aux conduites d’aération tout ce qui se passe sur scène. Le soir, il transmet ses remarques à Marion, lorsqu’elle le rejoint discrètement. Mais le séducteur et talentueux comédien Bernard (Gérard Depardieu), prend le rôle principal de la pièce, et tombe amoureux de Marion avec qui il partage l’affiche. Cela met en péril le théâtre, car il souhaite s’engager dans la résistance…
A travers une galerie de personnages, on découvre un théâtre qui s’efforce de survivre malgré un contexte chaotique. Ils permettent d’aborder de très nombreux thèmes, même traités au second plan, tels que la place des femmes dans le monde professionnel et artistique, la religion, l’homosexualité, la résistance, la résilience, la fuite… Le scénario, plutôt simple sur le papier, prend vie grâce à cette galerie de personnages imbriqués, et offre un des films majeurs de Truffaut, pionnier de la nouvelle vague dans les années 50 et 60, avec des films comme Les quatre-cents coups, Jules et Jim, ou encore La Peau Douce.
François Truffaut signe avec Le Dernier Métro un film d’amour poignant, qui obtient dix César, dont les 5 principaux (meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleure actrice). Cela fait de lui, ex aequo avec Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau, le film le plus primé des statuettes du cinéma français. Mais au-delà des récompenses, le film a su toucher, autant le public averti que les amateurs, notamment par sa sincérité. Lorsqu’il écrit Le Dernier Métro, Truffaut s’appuie sur des témoignages d’époque, des brèves de journaux, mais surtout, sur son expérience personnelle. En effet, né en 1932, il vit son enfance sous l’occupation, à Paris, et passe le plus clair de son temps dans les salles de cinéma et les théâtres. Il se trouve forcément marqué par cette période, en témoigne le titre, Le Dernier Métro, que les Parisiens se hâtent de prendre, couvre-feu oblige. Portrait nuancé d’une France sous l’Occupation
Cela étant, le film n’est pas fondamentalement porté sur l’occupation ou la guerre, mais il la prend comme toile de fond. Truffaut disait que pour lui, l’Occupation n’avait pas été le conflit et le déchirement, mais surtout l’enfermement, l’obscurité et la frustration. C’est exactement ce qu’il parvient à transmettre, notamment via le personnage de Lucas, reclus et clandestin. Une angoisse diffuse, une obscurité vécue par un personnage qui vit sous les planches de son propre théâtre. A sa sortie, le film a été salué non seulement pour sa reconstitution historique, mais aussi pour l’exactitude du ressenti qui s’en dégage : l’occupant est là, mais la guerre et les combats sont lointains, et les drames humains qui s’y déroulent ne sont pas encore dévoilés au grand jour. Les personnages essayent de continuer à vivre, à sortir, à faire la fête. Tout le monde n’a pas les moyens de résister, et parfois certains sont forcés de collaborer, à l’image de Marion, qui doit s’efforcer de monter une pièce qui plaira à Daxiat, le maître de la culture collaboratrice, sans quoi elle perdra son théâtre et son mari. En bref, le film est nuancé, et cette façon, unique à l’époque, de représenter cette période a été un grand facteur du succès du film. Le couple Depardieu – Deneuve qui crève l’écran
Mais Le Dernier Métro, c’est avant tout une histoire d’amour, celle d’une femme, qui ne peut se résoudre à abandonner son mari traqué, laquelle est en train de succomber à son partenaire de jeu, thème encore une fois très personnel à François Truffaut. On leur a parfois fantasmé une idylle secrète tant leur complicité à l’écran a été puissante, tant l’alchimie s’est fait ressentir dans les nombreux films (plus d’une dizaine) partagés durant leur carrière. Le premier réalisateur à réunir Catherine Deneuve et Gérard Depardieu, c’est donc Truffaut dans Le Dernier Métro.
Pourtant, l’histoire d’amour ne commence pas idéalement : le personnage de Bernard, qui veut s’engager dans la résistance, fait courir des risques immenses au théâtre puisqu’il est dans le collimateur des agents de la censure, et de la gestapo. Marion, elle, souhaite faire profil bas pour protéger son mari et le théâtre. Les deux amants, tiraillés mais sincères, sont joués avec une émotion juste, sans trop en faire. Leur amour les consume et les met en danger. Le tout est symbolisé dans la dernière réplique de la pièce de théâtre qu’ils montent durant le film, celle qui précède le tonnerre d’applaudissement de la salle conquise par l’amour dont elle est témoin : « vous regarder, c’est une joie, et une souffrance. » Cette réplique est d’ailleurs tirée d’un autre film de Truffaut, mettant déjà en scène Catherine Deneuve, La Sirène du Mississipi. Une belle mise en abyme, et en résulte une performance qui lancera le duo pour de nombreux films, leur vaudra à chacun un César, et propulsera définitivement leur carrière au-delà du statut trop réducteur de la beauté fatale et du bellâtre, qui leur collait alors à la peau.
Le film comprend de nombreuses références à l'actualité culturelle française des années 1940. Les arrestations successives du personnage incarné par Jean Poiret sont très librement inspirées des déboires de Sacha Guitry. La scène où le personnage de Gérard Depardieu assomme le critique de Je suis partout est tirée d'un incident qui opposa Jean Marais et Alain Laubreaux.
Film le plus riche et le plus accompli de Truffaut, il aborde de nombreux thèmes: L'occupation allemande, les bouleversements et les attitudes qu'elle entraînent, les résonances entre la vie réelle et la fiction théâtrale et comme dans Fahrenheit 451 les mécanismes de défense contre l'oppression et l'obscurantisme. L'homosexualité masculine et féminine est abordée avec tolérance.
Ce film, où le tricotage romanesque est le plus visible, entre fausses identités, portes dérobées, faux décors, et amours dissimulées, est pourtant particulièrement réaliste. Truffaut a en effet particulièrement soigné la reconstitution historique, utilisant en partie ses souvenirs personnels.
Malgré la période noire traitée ici, ce film est un des plus lumineux de Truffaut, à l'image de La sirène du Mississipi, dont Catherine Deneuve reprend intégralement des répliques. L'art et le mensonge semblent sauver le triangle amoureux central auquel ne parvenaient ni Jules et Jim ni Les deux anglaises.
Distribution[]
- Catherine Deneuve : Marion Steiner
- Gérard Depardieu : Bernard Granger
- Heinz Bennent : Lucas Steiner
- Jean Poiret : Jean-Loup Cottin
- Andréa Ferréol : Arlette Guillaume
- Paulette Dubost : Germaine Fabre
- Sabine Haudepin : Nadine Marsac
- Jean-Louis Richard : Daxiat
- Maurice Risch : Raymond Boursier
- Jean-Pierre Klein
- Richard Bohringer : le gestapiste
- Christian Baltauss
- László Szabó : l'officier allemand
Fiche technique[]
- Titre : Le Dernier Métro
- Réalisation : François Truffaut
- Scénario et dialogues : François Truffaut, Suzanne Schiffman, Jean-Claude Grumberg
- Musique : Georges Delerue, chansons des années 1930-1940
- Production : Les Films du Carrosse
- Pays : France
- Date de sortie : 17 septembre 1980
- Durée : 130 minutes (2h10)
Récompenses[]
Ce film reçut 10 César en 1981 (record qu'il détient avec Cyrano de Bergerac) dont
- César du meilleur film
- César du meilleur réalisateur (François Truffaut)
- César du meilleur acteur (Gérard Depardieu)
- césar de la meilleure actrice (Catherine Deneuve)
- César du meilleur acteur dans un second rôle (Heinz Bennent )
- César du meilleur scénario original ou adaptation
- César de la meilleure photographie
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