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Les Couleurs du diable est un film franco-italien réalisé par Alain Jessua, sorti en 1997.

Synopsis[]

Nicolas est un jeune peintre sans succès. Un policier expert en peinture, Lauzon, lui fait remarquer que ses tableaux, portés vers les scènes de violence, ne sont pas vraiment crédibles, faute d'expérience vécue.Nicolas rencontre le mystérieux Bellisle. Celui-ci souhaite aider le jeune peintre et lui promet de lui "ouvrir la porte au bout du couloir", autrement dit de l'amener au meilleur de lui-même. Il lui fait successivement assister à un suicide du haut d'un immeuble en pleine nuit, à un match de boxe d'une extrême violence qui se termine par le massacre de l'un des combattants, au meurtre d'une strip-teaseuse derrière la vitre sans tain d'un peep show.

Chaque spectacle inspire Nicolas, qui atteint les sommets de son art en utilisant les couleurs offertes par Bellisle. Malgré les conseils de son compagnon d'atelier et de sa compagne, le jeune peintre s'engage toujours davantage dans la voie du succès. Lauzon le met en garde contre Bellisle, trafiquant d'oeuvres d'art sous haute surveillance ; un peintre lui prédit l'échec, avant de mourir dans des conditions mystérieuses. Sous ses yeux, Lauzon est précipité sous une rame de métro. Il découvre que d'une fenêtre en face, Bellisle l'épie dans le somptueux atelier qu'il lui a offert.

Arrêté par la police, il parvient à s'échapper, grâce à Bellisle encore, qui l'abandonne dans le brouillard devant son refus de continuer. De retour à la galerie, Nicolas découvre que la peinture de ses tableaux se détruit et qu'il n'en reste plus rien.

Critique[]

Le film connut un cuisant échec lors de sa sortie cinéma totalement bâclée fin Janvier 1997, une édition DVD en 2003 a pemis de mieux apprécier ce dernier opus (à ce jour) du talentueux, mais rare Alain Jessua. Le film se distingue par une richesse des thèmes développés et une intrigue policière entrelacée avec une autre à la lisière du fantastique. C'est un véritable festival de détails, relié par une minutie du cadre et de plans furtifs, rapides, où l’œil du spectateur est mis à rude épreuve afin de réussir à capter l’ensemble. C'est une œuvre complexe, montrant de nombreuses influences, mélangeant art graphique, intrigue faustienne et cinéma.

Troublante est la scène du Peep Show, appelé «Cabaret 666». Le nom, référence directe au Diable (le chiffre de la "Bête") ou à Faust semble trop évidente. Le choix de l’éclairage est celui de la lumière noire afin d’accentuer le voyeurisme. Eros et Thanatos se mélangent à outrance, la danse de séduction s’avérant être une danse de mort, fétichisée à outrance, aboutissant à l’égorgement de la victime, le sang giclant sur la vitre sous les yeux du peintre épouvanté... Mais qui finira par reproduire cette mort sur sa toile.

Le film est ainsi émaillé de brillances visuelles, telle la composition du processus de création artistique du héros lors du match de boxe. Une alternance de croquis et d’images réelles vient rythmer l’affrontement de deux boxeurs qui tourne là aussi à la mise à mort.

Qui est ainsi ce mystérieux Bellisle qui pousse Nicolas à être voyeur de morts puis à les peindre ? L’incarnation du Diable sur Terre ou un de ses disciples ? Ou juste un manipulateur, incarnation du mal par simple plaisir, provoquant les carrières et poussant chacun dans ses ultimes retranchements ? Il semble influer sur le cours des événements, connaître le futur, se nourrir de la souffrance et du génie de certains artistes ou simplement espérer que la mort se manifeste au bon moment dans des conditions "naturelles". La réponse ne sera jamais vraiment claire, ce qui est une grande qualité.

L’argument fantastique ne disparaît de ce fait jamais, même avec la présence de l’inspecteur Lozon amateur d’art. Les morts sont réelles et le fait de retrouver les cadavres représentés de manière aussi saisissante (mêmes positions, etc.) ne peut qu’éveiller les soupçons. Si l’intrigue policière parait secondaire et encombre un peu la narration, elle fait office de seul instant où la réalité des événements possède une emprise sur Nicolas. Histoire aussi de se rappeler qu’on ne se nourrit pas sans conséquence de la mort.

Le monde de l’art y est décrit de manière peu reluisante. Andrea Ferreol fait office de mère maquerelle, prédatrice du genre. Un mode de vampirisme moderne, financier, particulièrement vorace et peu amène quant à la notion d’humanité. Le sang y aurait-il un couleur d’argent ? Le film prend ainsi la tournure d’une parabole sur l’état d’esprit de l’artiste face aux décideurs et ce qu’ils peuvent lui imposer en matière de créativité.

Un autre thème brossé par Alain Jessua est le rapport entre réalité et fiction. Cette représentation de la réalité des morts vécues par Nicolas amorce une réflexion sur l’interpénétration de ces deux notions. Tourné en Italie, berceau de la peinture et de la représentation picturale, rien n’est laissé au hasard. Ainsi la première mort à laquelle assiste le peintre se déroule Place du Risorgimento (mouvement culturel, spirituel et politique italien du 18eme et 19eme siècle).

Ruggero Raimondi est un Bellisle séduisant aux forts accents méphistophéliques, venimeux et dangereux, Wadeck Stansczak est un Nicolas hélas bien faible, tout en éclat de colère mais sans réelle nuance. La déchéance morale ne se fait guère sentir. La fragilité insolente et l’exubérance maladive d’Isabelle Pasco tranche ainsi de beaucoup avec la faible interprétation du héros.

Il faut remarquer l’importance du choix de la partition musicale chez Alain Jessua. Michel Portal, déjà auteur de la musique pour En toute innocence et Les Chiens, compose ici un mélange étrange d’incantations, de références au vaudou, et de bandonéon qui créé un décalage supplémentaire.

Distribution[]

  • Ruggero Raimondi : Bellisle
  • Wadeck Stanczak : Nicolas
  • Isabelle Pasco : Valerie
  • Bettina Giovannini : la petite amie de Nicolas
  • Philippe Dajoux : Leo
  • José Quaglio : Peter
  • Andréa Ferréol : Sherri
  • Luca Zingaretti : Marc Lauzon
  • Pascale Reynaud : Marta
  • Elisabetta Rocchetti : Audrey

Fiche technique[]

  • Titre : Les Couleurs du diable
  • Réalisation : Alain Jessua
  • Scénario : Roger Curel et Alain Jessua
  • Production : Sergio Gobbi
  • Musique : Michel Portal
  • Photographie : Pasqualino De Santis
  • Montage : Hélène Plemiannikov
  • Décors : Marta Zani
  • Costumes : Gianna Gissi
  • Pays d'origine : France, Italie
  • Durée : 90 minutes
  • Date de sortie : 22 janvier 1997 (France)


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