Snake Eyes est un film américain, réalisé par Brian de Palma, sorti en 1998.
Synopsis[]
Au Palais des sports d'Atlantic City, la foule est venue en nombre assister au match du siècle, mettant en confrontation deux poids lourds de la boxe. Mais la soirée dérape lorsque des coups de feu éclatent à proximité du ring, et le secrétaire d'État à la Défense est abattu. L'enquête commence sous la direction de l'inspecteur Rick Santoro, policier corrompu. Rick va tenter de sauver sa reputation ainsi que celle de son ami Kevin Dunne, chargé de la sécurité du secrétaire d'État, et qui s'était malencontreusement absenté au moment du drame.
Critique[]
Le film exploite au maximum la notion de champ lexical, et peut paraître par moment comme une sorte d'exercice de style : le titre du film (« les yeux du serpent »), les éléments de décors (dessin d'un œil dans le décor, caméras de télévision, de surveillance), la manière de filmer certaines scènes (caméra subjective, plan-séquence), les ressorts dramatiques (bris de lunettes, témoignages de la scène), le montage du film (présentations des points de vue sur une même scène de différents personnages)… tout concours à évoquer le thème du regard.
La dernière image du film est d'ailleurs significative : on y voit une bague ressortant du béton. Outre l'évocation d'un élément de l'histoire, et l'ouverture vers une inconnue (quelqu'un verra-t-il cet élément et cela alimentera-t-il l'enquête ?), on peut y voir une métaphore de l'objectif de la caméra. Le film se termine donc par une sorte de regard caméra.
Sur fond de complot politique, de Palma réalise ici un de ses meilleurs films, visuellement réussi et ingénieux, où il atteint un sommet rarement égalé au niveau de la mise en scène. Comme beaucoup de thrillers, Snake Eyes se déroule en huis-clos presque intégral. Nicolas Cage arpente un décor unique, celui du casino d'Atlantic City où il mène son enquête, se déplaçant dans des endroits de plus en plus réduits, de l'immense salle de boxe où a lieu le combat au réduit où il enferme son témoin. Le principe du huis-clos est d'utiliser un lieu unique comme théâtre d'affrontements psychologiques et physiques. Hitchcock a signé les prototypes du genre avec des films comme La Corde (1948) ou Fenêtre sur cour (1954) suivi par le Shining (1980) de Stanley Kubrick.
"Snake Eyes" est un bon thriller, bien ficelé, à l'intrigue obscure, complexe. Un thriller qu'on peut trouver peu original, prévisible dans son intrigue. Mais le thriller qui n'est qu'un prétexte. Car au-delà du film à spectacle, De Palma prolonge ses expériences sur la tromperie (et la vérité) de l'image entamée avec "Mission: Impossible", De Palma réalise ici un film difficile, d'une complexité formelle ahurissantes, d'une maîtrise et d'une intelligence remarquables.
DePalma dissèque, il décortique, non pas tant le moment du meutre, ce plan-séquence époustoufflant ( pour les puristes ce n'est pas un vrai plan-séquence, mais un montage en continuité de plusieurs plans avec raccord numérique) , que le film lui-même, le texte filmique qui en est le support. Il faudrait, pour bien faire, démonter chaque séquence, pour tirer du film tout son sens. En attendant, nul n'est besoin d'en arriver là pour comprendre comment De Palma fait de sa caméra l'instrument d'une pensée de l'illusion. Regards qui voient, qui se croisent, caméras qui surveillent construisent un film dans le film, lui-même bâti sur cette imbrication. La multiplication des points de vue, et avec eux, des récits eux-mêmes, à la manière de Rashomon, segmentent le film, en écrans seconds, en split-screens d'une beauté et d'une subtilité impressionnante.
"Snake Eyes" est un essai théorique sur l'image, sur la signifiance de l'image, sur la construction qu'elle permet d'un monde imaginaire qui se veut objectif, alors qu'il ne peut, comme le montrent les diverses séquences en flash-back, qu'être subjectif, sur la tromperie qu'elle ne permet pas, mais qu'elle est, par nature même. Il faut voir "Snake Eyes", car il est de ces films qui nous font comprendre le cinéma, nous fait comprendre, bien mieux que le meilleur traité de sémiologie, comment l'être humain fait sens, dispose de ses signes et en retour se fait prendre par eux.
Distribution[]
- Nicolas Cage : Rick Santoro
- Gary Sinise : Kevin Dunne
- John Heard : Gilbert Powell
- Carla Gugino : Julia Costello
- Stan Shaw : Lincoln Tyler
- Kevin Dunn : Lou Logan
- Luis Guzmán : Cyrus
- Joel Fabiani : Charles Kirkland
Fiche technique[]
- Titre : Snake Eyes
- Réalisation : Brian de Palma
- Scénaristes : Brian de Palma, David Koepp
- Producteur : Brian de Palma
- Photo : Stephen Burum
- Musique originale: Ryuichi Sakamoto
- Montage : Bill Pankow
- Durée : 98 minutes
- Date de sortie : 8 août 1998 (USA), 10 novembre 1998 (France)
Source[]
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